11.12.2012 / SANTé ET AFFAIRES SOCIALES VINGT SEPTIèME RAPPORT ANNUEL
La stratégie nationale de mise à niveau du secteur de la transfusion sanguine

La stratégie nationale de mise à niveau du secteur de la transfusion sanguine
L’appréciation par la Cour des comptes des conditions de mise en œuvre des composantes de la stratégie a fait apparaitre des insuffisances au niveau de la réalisation des objectifs de cette stratégie et des carences qui ont marqué la gestion financière du Centre national de transfusion sanguine (C.N.T.S).
I- l’autosuffisance en produits sanguins
Le nombre des unités collectées par les structures chargées du prélèvement du sang humain est resté en deçà des besoins annuels du pays estimés à 200.000 unités et couverts à concurrence de 95% en 2010, compte non tenu des poches de sang défectueuses.
Concernant la mobilisation des donneurs volontaires, la stratégie nationale de la transfusion sanguine vise notamment l’accroissement du nombre des donneurs volontaires d’au moins 10% par an. Or, cet objectifs n’a pas été atteint puisque l’augmentation enregistrée au cours de la période 2007-2010 a varié entre 1% et 7% . le taux des donneurs volontaires réguliers est demeuré faible, il est passé de 12,4% en 2007 à 10,5% des donneurs en 2010.
Par ailleurs, Il a été constaté, que le C.N.T.S procède chaque année à la destruction de certaines unités de poches de sang collectées sans en dresser des procès-verbaux. Ainsi, 4649 unités ont été jetées en 2010 dont 2152 pour insuffisance de la quantité de sang prélevée.
La stratégie a souligné la nécessité de renforcer la coopération entre les structures de prélèvement du sang et les associations de don du sang dont notamment l’Association tunisienne de promotion du don de sang (A.T.P.D.S). L’examen des rapports d’évaluation établis en 2010 par l’A.T.P.D.S a permis de relever des défaillances au niveau de l’organisation des opérations telles que le non respect des horaires de démarrage des campagnes, l’incapacité des équipes mobiles à contenir le flux des donneurs, le manque de matériel nécessaire au prélèvement du sang et l'insuffisance des soins après le prélèvement. Néanmoins cette coopération a été rompue en 2011.
II- La sécurité de la transfusion sanguine
Pour ce qui est de l’application des procédures et des normes de sécurité, les équipes mobiles n’étaient pas accompagnées par un médecin dans 31% des cas au cours de l'année 2009 et dans 11% des campagnes menées en 2010.
Certaines banques du sang ne sont pas dotées du matériel permettant l’examen des donneurs dans les meilleures conditions tels que les appareils de pesage, les tensiomètres et les stéthoscopes. En outre 2% des accidents de la transfusion sanguine déclarés auprès du C.N.T.S par les établissements hospitaliers au cours de la période 2005-2010 ont résulté d’erreurs de détermination du groupe sanguin et dans 3% des cas de transfusion de poches de sang hémolysés suite à leur réchauffement dans des conditions inappropriées préalablement à leur transfusion.
Quant à l’hémovigilance, elle constitue un des objectifs de la stratégie et un des éléments essentiels de la sécurité de l’activité de transfusion sanguine. Elle vise la maîtrise des accidents liés à la transfusion et la prise de mesures correctives susceptibles de limiter ces accidents. L’examen de cette activité a révélé des faiblesses au niveau de la mise en œuvre et du suivi du système de la sécurité et au niveau la réalisation du test ultime au lit du malade.
III- Rationalisation de l’utilisation du sang
Pour ce qui est de la maîtrise des demandes des services médicaux de transfusion, les vérifications effectuées ont permis de constater que les établissements hospitaliers et le C.N.T.S ne suivent pas les prescriptions du manuel des procédures notamment en ce qui concerne la nécessité de remettre les produits sanguins au vu d’une demande établie par le médecin accompagnée d’un bon de commande comportant le nom et la signature du médecin et le cachet du service de manière à maîtriser et contrôler les demandes émanant des services.
Le C.N.T.S n’a pas réussi à maîtriser les demandes d’approvisionnement des banques de sang aux fins de reconstitution de leur stock en produits sanguins couvrant les besoins exprimés par les services médicaux transfuseurs. Ces demandes n’étaient pas appuyées d’estimations objectives des besoins tels le nombre d’interventions chirurgicales programmées ou les indicateurs d'activité des services transfuseurs.
Seul Un registre de suivi des quantités jetées du concentré de globules rouges est tenu au niveau du C.N.T.S. Il a été relevé également que le service de préparation et de distribution s’est arrêté depuis 2011 de tenir le registre de suivi de la distribution des " concentré unitaire des plaquettes " ce qui ne permet pas la gestion des ventes de ce produit en fonction du délai de validité.
Le rangement des poches de sang et leur distribution ne s'effectue pas selon la date de péremption.
Concernant la fabrication des médicaments dérivés du sang La sous-traitance du fractionnement du plasma a démarré depuis 2007 par la préparation du plasma selon les normes établies par un laboratoire Français jusqu’au mois de novembre 2011 aucune poche de plasma n'a été exporté.
Cette situation entraîne un manque à gagner pour l’Etat estimé à 320.748 Euros annuellement et qui aurait pu être moyennant la fabrication locale des médicaments dérivés du sang et ce compte non tenu des frais d’incinération de quantités de plasma non exportées et qui sont de l'ordre de 1 dinar le kilogramme. De ce fait, les poches de plasma destinées à être exportées et périmées au 30 juillet 2010 se sont accumulées pour atteindre 23.513 poches pour le C.N.T.S. Les pertes financières sont estimées à 451mD pour le seul C.N.T.S. Les centres de Sousse et Sfax ont dû également incinérer une partie des quantités non exportées et arrivées à péremption.


